lundi 3 octobre 2011

Est-ce que j'ai une gueule d'empathie ?

J'inaugure mes premiers pas dans la blogosphère. 
Les commentaires des différents journaux auront eu raison de moi. Cette merveilleuse agora, ce monde d'échange virtuel est un beau rêve. On ne dépasse pas le "je pisse plus loin que toi". Ou alors on tombe sur une de ces exceptions qui réchauffe le coeur. 

Il y a bien la majorité silencieuse. Celle qui ne s'exprime pas. Ou du moins pas avec des mots. Pour celle-là, il y a ce fabuleux outil qu'est le sondage. Quant à ceux qui n'utilisent ni l'un ni l'autre, ils remettent leur consentement aux deux autres groupes précédemment cités.

Sans suivre les commentaires - de ceux qui n'ont souvent que ça à faire - on remarquera que les statistiques reviennent souvent à placer une sonde dans l'égo de chacun. Pour en retirer toute la fange égocentrique.  Moi. Ma gueule.

Coup sur coup, un journal en ligne belge - dont je tairai le nom ... disons juste qu'il n'est pas du matin - publie des sondages en rapport avec l'actualité. Aujourd'hui c'est 
Les fonctionnaires wallons doivent pointer pour fumer. Une bonne idée ?
Sujet anecdotique non ? Le sondage d'il y a trois jours pouvait se résumer par
L'ONEM sanctionne 8.900 chômeurs en 6 mois. Trouvez-vous ça suffisant ?
 Rien à voir donc. Ici nous sommes sur un problème social (par conséquent politique). Dans les 2 cas, plus de 80 % des votants se prononcent comme le voudrait la logique personnelle. Pour le premier cas : je ne fume pas, les fumeurs prennent plus de pause donc oui c'est normal. Dans le second : je ne suis pas au chômage, si on donne moins de sous aux chômeurs, il y en aura plus pour moi. Donc non ce n'est pas suffisant.

Ces deux exemples sont pourtant liés par une même constatation : si l'empathie était une notion plus communément vécue, les réponses auraient été différentes. Pas qu'il s'agisse forcement de plaindre, voir avoir de la pitié pour ceux visés par ces mesures. On peut, mais ce n'est pas obligatoire.

C'est surtout cette incapacité à savoir projeter sa situation personnelle sur celle des autres. Etre incapable de comprendre ce que l'autre peut vivre. Probablement parce qu'on est trop occupé à se zieuter le nombril. De la masturbation intellectuelle autour de sa petite personne. C'est peut-être pour ça qu'on appelle ça s'en foutre (partout).

L'exemple le plus trivial est celui de l'ONEM. Combien de personnes sont au chômage ? Peuvent-elles se figurer ce que c'est que d'être chômeur longue durée et de vivre avec ce que l'on gagne de l'Etat ? Il y a encore des jobs vacants c'est vrai. Mais qui pourrait décemment accepter un travail de 10h par jour, payé 20 € de plus que le chômage et dans des conditions déplorables ? Pardon, autant pour moi ... il vaut mieux pousser les gens à bout mentalement plutôt que de leur offrir une couverture sociale. Ca fait ça en moins à débourser par mois. Et force est de constater qu'un suicidé coûte moins à la sécu.

Je me demande d'ailleurs combien de ces votants envisagent le fait qu'un jour ils puissent être dans cette situation. Après tout, on reste dans un certain égoïsme si on se dit qu'on aimerait pas être à leur place. Que ça pourrait nous arriver. Que donc il faut défendre ces gens. Mais ça demande un "travail" d'empathie.

L'exemple de la cigarette est tout autant criant. Les 80% de votants pour cette mesure doivent être non fumeurs. Mais ont-ils considérés qu'après la cloppe, on pourrait s'en prendre aux pauses cafés ? Pause caca aussi ... Ce que je dis n'est d'ailleurs pas si incroyable que ça puisque certaines entreprises se sont déjà arrangées pour faire pointer leurs employés dès qu'ils quittent l'écran de leur ordinateur.

Ou je suis naïf peut-être. C'est vrai qu'on a construit des pyramides à coups de fouet. Ca semble une bonne motivation. Etre devant un ordinateur n'est pas un travail qui demande une grande concentration. Ni d'activité cérébrale. Pas besoin de pauses. Et si tu es trop faible, tes pauses seront prises sur ton temps de travail. Ca c'est de la rentabilité.

Ainsi s'achève un premier billet. Oui j'ai une gueule d'empathie. Est-ce le cas pour tous ceux qui imposent un labeur au détriment d'une qualité de vie ? Est-ce le cas pour ceux qui pensent au bénéfice direct plutôt qu'à l'investissement sur du long terme ?